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Enfances communistes

120,00 lei

Issu d’une famille serbe de Timișoara où il est né en 1973, Milan Radin fuit la Roumanie à l’âge de quinze ans en décembre 1989, quelques jours avant la Révolution. Il étudie la slavistique et la romanistique en Autriche, à l’université de Graz, ainsi qu’en France (Strasbourg) et en Bulgarie (Plovdiv). Il obtient un master de philosophie en 2001.

Description

Narrations d’enfances communistes: Les souvenirs, l’imaginaire
Enfances communistes – Mémoires de Roumanie et de la République de Moldavie
sous la direction de Catherine Durandin et Cécile Folschweiller
Table de matiѐres
1. Génération née avant 1945
2. Génération née entre 1945 et 1965
3. Génération née avant 1965 et 1980
Milan Radïn (page 299 ff)
Trente ans aprѐs la chute des regimes communistes d’Europe de l’Est et de l’URSS, que reste-t-il de ce monde dans la mémoire de celles et ceux qui y ont grandi? Que révѐlent leurs souvenirs de ces sociétés?
 Toute la journée, le hurlement des sirènes avait retenti à la radio. Elles ne s’étaient pas arrêtées. Ni ce jour-là, ni la veille. Je ne pouvais plus écouter de musique, ni suivre les émissions de sport. J’étais devenu aveugle et sourd. Et je ne savais pas ce qu’il se passait.
Tous les jours, nous écoutions en effet la radio interdite. Mais on n’en parlait pas. À personne. Il était interdit d’en parler. Peut-être même qu’il est toujours interdit d’en parler, et que quelqu’un me surveille. Que quelqu’un nous surveille.
C’était le 5 mai 1980, j’avais sept ans. Aujourd’hui encore, je me souviens parfaitement de ces sirènes. C’était un choc. C’était absurde. Il avait fallu tant d’efforts pour se procurer un appareil de radio, qui à présent ne servait plus à rien, car il ne transmettait plus que le hurlement des sirènes. N’importe quoi ! Même la radio secrète que j’aimais tant, elle avait été découverte et réduite au silence. J’avais essayé plusieurs fois, le matin, l’après-midi, le soir. Rien à faire. Les sirènes avaient encore hurlé toute la journée. Comme la veille. J’étais coupé du monde et je ne savais pas ce qu’il se passait. Peut-être que la guerre avait commencé. Ou bien que les extra-terrestres avaient débarqué. Les Ricains n’auraient pas dû aller sur la Lune, à présent tout le monde était au courant de notre existence.
Mes grands-parents habitaient à Freidorf[1]. Je ne savais pas ce que ce nom voulait dire. Mais mon grand-père disait que nous devions tous en être fiers. Car Tarzan[2] avait vécu ici lui aussi. C’était cet homme d’Afrique que je connaissais par la télévision interdite de là-bas, de Yougoslavie. Nous habitions à Freidorf, un quartier de Timișoara. Une ville ancienne aux multiples noms : TemeschburgTemišvarTemesvár.
Mon grand-père disait que pendant les guerres napoléoniennes, tout le trésor des Habsbourg d’Autriche était gardé ici, dans la forteresse militaire au bord du Timiș. Elle était pleine d’or et de bijoux, de diamants, d’argent, d’assiettes en or et de couverts en argent, et de je ne sais quoi encore, ajoutait-il. Mais je ne le croyais pas. S’il racontait ça, c’était juste pour se débarrasser de moi plus vite le soir, à l’heure du coucher.
Tout ce que je savais, c’est qu’à gauche de chez nous habitait Ghinti[3]. Avec sa famille. Il était Souabe[4]. À droite, il y avait Ati, ou Attila, qui était Hongrois. En face vivait Deda[5] Marko, qui parlait la même langue que nous et jouait beaucoup avec moi. Et puis Florin. C’était mon camarade de jeu. Lui ne parlait qu’une seule langue. Et encore deux frères, Robi et Grasu[6]. Ceux-là étaient Tsiganes.

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